De nouveau la guerre et ses horreurs se profilent à l’horizon avec un ordre de mobilisation générale lancé le 1er septembre. La France lance un ultimatum le 3 et la déclaration de guerre faite par l’Allemagne à la Pologne le 1° septembre provoque en retour celle des français et des britanniques aux allemands le 3.
Bien entendu les championnats de football ne reprennent pas.
Ce début d’année est toujours aussi tendu avec des menaces qui planent partout et les premiers bombardements par 3 avions allemands sur Abbeville ont lieu le 10 mai faisant 3 morts et 3 blessés. Le 20 mai, les bombardements sont beaucoup plus violents et précèdent l’arrivée des troupes allemandes. C’est l’évacuation avec le retour quelques temps plus tard des exilés. La vie s’organise autour des ruines de la ville et, côté football, le 7 décembre la reprise de l’entraînement s’effectue sous la conduite d’André HURTEVENT mais d’abord, remise en état du terrain, coupe d’herbe, etc.
Le football a repris ses droits dans la capitale du Ponthieu si cruellement atteinte par les événements que nous connaissons. En Coupe de France le Sporting est éliminé à Roubaix par l’Excelsior (2-0). Pas de championnat cette année-là mais les matches amicaux sont courants, ainsi le 1er décembre, le S.C.A. est battu à Amiens (1-5) dans la composition suivante : LEBLOND, LOVIGNY, PAPIN, CLABAUT, BRIOIS, DELATTRE, HENNEBERT, HURTEVENT, VERON, CHEVALIER, DOUCHET.
Pendant ce temps, les prisonniers battent le S.C.A. (B) (5-1), des prisonniers bien structurés puisque leurs chargés de sport sont l’adjudant LISION (secrétaire de la ligue d’Angers) et le Sergent-chef GUIRAUDET (membre de la ligue parisienne) avec d’excellents joueurs d’un peu partout.
L’équipe B était ainsi faite : BUHAUT, OUBRON, VASSEUR, PELISSIER, GALLAND, DECOTTE, DOUCHIN, LEREBOURS J. et P., LAPIERRE, GERVOIS.
Le 15/12 devant une foule nombreuse, le S.C.A. (A) bat les prisonniers 4-2 (4 buts de VÉRON).
Notons aussi un déplacement de l’équipe première à St Ouen (2-2) à « bicyclette », même chose au retour pour les joueurs de St Ouen battus 3-1 mais les scores n’étaient qu’anecdotiques, l’essentiel étant de participer.
On note aussi le 29 décembre un match entre une entente S.C.A. et prisonniers célibataires contre S.C.A. et prisonniers mariés devant un nombreux public et en lever de rideau l’équipe B du S.C.A. bat l’armée d’occupation (2-1). Le jeu fût haché et âpre (doit-on se demander pourquoi ?) et les allemands jouaient en brodequins.
Tout cela nous permet de dire que l’entraîneur et joueur de l’époque André HURTEVENT né en 1906 avait fait son premier match à 14 ans en équipe junior contre le Red Star. Il fut sélectionné en équipe de France contre le Portugal en 1927, avec l’équipe de France militaire contre l’armée d’outre quiévrain en 27 également et avec la sélection du nord en 25 (Uruguay) et 27 (Hongrie et Nord-Est).
Cette année 1940 la buvette du stade est tenue par André LAPIERRE (18 fois international B qui était né en 1906 à Bellancourt mais qui ne signa au S.C.A. qu’en 1937 pour y jouer en réserve. Sélectionné pour la Coupe du Monde en Uruguay, il se cassa le pied droit une semaine auparavant.
C’est le calme plat en ce début d’année, tout au moins dans le domaine du football, pourtant des propositions d’organiser des rencontres dans la ville avec des équipes de quartier, les municipaux, les postiers et les équipes de rues sont lancées. En vain, il est vrai que les préoccupations sont ailleurs. On note pourtant un nouveau match S.C.A-prisonniers (4-4) le 19 janvier.
La Ligue de Picardie (qui ne représentait en fait que la Somme à cette époque) et son président M. LECLERCQ mettent sur pied un championnat Ponthieu-Vimeu composé ainsi :
Le Sporting est battu par St Ouen et Pt Rémy, mais gagne les matches retour avec un 8-0 devant l’Étoile.
L’équipe B rencontre et bat Maizicourt-Auxi et Sailly-Bray quant à l’équipe 2, elle se rend à Pt Rémy le 9 mars mais est empêchée de passer le pont à 100 m du stade par la sentinelle !
Du coup l’équipe première devant se rendre à Pt Rémy le dimanche suivant passe par Mareuil afin d’éviter la même mésaventure !
Le 25 mai le S.C.A. organise un tournoi au stade Delique avec l’O.L. St Ouen, une entente régionale et les équipes A et B du Sporting
Surprise ! l’équipe A est absente et joue à Fressenneville un match contre une sélection régionale pour les prisonniers du Vimeu. Apparemment le courant ne passait plus entre les joueurs et la commission de football depuis une défaite à Harondel mais les joueurs rétorquent que leur rencontre était conclue avant le tournoi avancé en dernière minute. Pourtant certains déclarent avoir joué un bon tour à la commission. Sûr qu’ils ont réussi mais que ce fût de mauvais goût !
Heureusement tout devait rentrer dans l’ordre rapidement, l’abcès étant crevé, et le football reprit ses droits.
Signature des licences pour la saison 41/42 chez M. BELGŒUL pharmacien chaussée du bois et le 5 octobre une réunion a lieu au stade Delique pour l’institution d’un championnat. Abbeville va donc jouer dans le groupe Vimeu.
L’ex-gardien (B) du S.C.A., HENNETON, décède.
Le 12/10 en Coupe de France (coupe Charles SIMON), le Sporting élimine St Leu Amiens 5-0. Notons pour l’anecdote qu’un but fut marqué d’un « joli crâne « . Au tour suivant le Stade Amiénois bat le Sporting (5-2).
En championnat Abbeville débute par une défaite à Feuquières (1-3) puis bat Gamaches (6-0), Ault (7-3), Dargnies (2-0), Woincourt (5-2).
1942
Le S.C.A. poursuit sa bonne série, victoire au Tréport (4-2) contre Friville-Escarbotin (3-1) puis il s’incline chez le leader Blangy (0-2) qu’il reçoit et écrase un mois après (9-1), bat Ault (7-0) et accède à la 1êre division picarde
Entre temps M. DELIQUE succède à M. DUMONT à la tête de la commission football et PAPIN, l’excellent arrière du club, se marie.
L’assemblée générale a lieu le 19/04 au bar du stade. L’équipe B du Sporting évolue dans le championnat du Ponthieu où elle a comme adversaires : Grand-Laviers, Le Titre, Noyelles, Agenvillers, ou encore Millencourt et elle truste les victoires.
Une journée sportive est à nouveau organisée le 24/05 au profit des prisonniers et devant un nombreux public le S.C.A. est battu par l’A.A.C. (2-5).
Le 13 septembre inauguration du stade de l’Étoile sportive à Rouvroy.
Le Sporting semble bien armé pour disputer le Championnat du Nord 1ere division picarde avec : VASSEUR, OUBRON, PAPIN, DUBOS, CHEVALIER, DELATTRE, CLABAUT, CAYEUX, FRÉVILLE, HENNEBERT, HURTEVENT, LEREBOURS J. et P., HERMEL, GENOTTE, LECAS, TROUVÉ, BOCQUET, LOVINY, LANGLET, DECOTTE, SAVELON, CORBILLON, LECHAISSE, MONTÉFIORE (qui donna son nom au stade de Mers), SAUVÉ, DÉTRÉ, DOUCIN, MAILLOT, LEBLOND, PLÉ, VÉRON.
Ça débute par une courte victoire en Coupe de France face à Pt Rémy (4-3). En championnat après un net succès face à l’Étoile (6-0), le S.C.A. subit la loi du S.C. Albert (2-4) puis de Pont-Rémy (0-3), il bat ensuite Corbie, jusqu’alors leader invaincu (3-1) et finit l’année par un nul à St Ouen (1-1).
1943
Ça démarre en fanfare avec une belle victoire à Flixecourt (4-1) hélas suivie d’un échec à St Leu Amiens (0-2). Les » logiciens » pensaient à une simple formalité pour Abbeville qui fût pourtant mis K.O. !
Le mercredi 3 février, jour de triste mémoire, des bombes s’abattent sur Abbeville lâchées par… la R.A.F. ! Elles font d’énormes dégâts et surtout on déplore une trentaine de morts et plus de 100 blessés.
Passé ce nouvel épisode tragique, le football reprend ses droits et les » bleu et rouge » vont prendre leur revanche sur Albert (4-3) et Pt Rémy (2-0).
Cela leur donnera une belle troisième place mais les barrages d’accession en promotion nord avaient été manqués de justesse. Complètement sinistrée par les bombardements, la ville d’Abbeville n’est cependant pas laissée à l’écart. La solidarité à l’époque est toujours aussi forte.
Ainsi la ville reçoit-elle l’appui de celle de St Étienne sous la forme d’une somme rondelette. D’autre part des jeunes abbevillois sont adoptés à St Étienne pour toute la durée des hostilités et St Étienne en réclame d’autres ! Ainsi 600 nouveaux enfants partiront pour St Étienne et le Puy-de-Dôme le mercredi 21 juillet.
L’effectif a peu bougé et l’on note les arrivées de BRIOIS, DUPUIS, SARRAZIN et les retours de SAC ÉPÉE et CAPET. Le S.C.A. met aussi à l’essai un joueur polonais : MIZKOWSKI (Miko).
Ça s’annonce bien avec un succès à Pt Rémy pour le premier tour de la Coupe de France (4-1) puis une qualification par forfait pour le 4° tour face à Mers-Tréport.
À l’époque on annonce que l’équipe jouera à guichets fermés toute la saison (était-ce plutôt à huis clos, et surtout pourquoi ? Mystère !).
En championnat, 1ère sortie et première victoire à Harondel (1-0). Le 7 novembre, le S.C.A. reçoit Boulogne U.S. en Coupe de France, résultat nul 2-2 (1-1 après prolongations). Le match est donné à rejouer à Abbeville le 14, les visiteurs contestent, ne viennent pas et… ont gain de cause. La rencontre sera rejouée le 21 à St Pol et Abbeville est éliminé (1-3).
1944
Le Sporting enchaîne alors les victoires en championnat tour à tour, le S.C. Albert, le G.S.P. Albert. l’Étoile, Pt Rémy, St Leu, Doullens et Harondel sont battus mais deux défaites en fin de championnat au S.C. Albert et au stade Amiénois voient celui-ci coiffer le S.C.A. pour la première place. Comble de malchance, Abbeville ne jouera pas la poule d’accession, il perd trois matches sur tapis vert, le joueur Miko ayant déjà signé à Grenay avant de le faire à Abbeville.
Mais si côté football ce n’est pas la joie, côté occupation c’est fini, le 21/10 Abbeville est libre. Plus de bruits de bottes qui depuis quatre ans souillaient nos chaussées.
La Coupe de France permet à Abbeville de battre Pt Rémy (4-1) le 11/10.
Le 29/10, le Sporting est défait par les F.F.I. I-4 en lever de rideau d’un match de propagande de rugby Sélection Britannique-R.C. Amiens 40-0.
L’effectif n’a guère varié et l’on note cependant l’arrivée d’un deuxième VASSEUX, de DE FREITAS, de MAILLOT, de MATHÉ et DAVIE et le retour des frères NORMANDIE.
Le S.C.A. n’ira pas plus loin en Coupe de France, il s’incline le 19 novembre face au Stade Amiénois.
Abbeville est engagé en critérium maritime et débute par un succès au Touquet (11-1) suivi d’un autre contre Montreuil (2-0).
1945
Le S.C.A. enchaîne les bons et les moins bons résultats et va terminer 3° de ce critérium qui réunissait Hesdin, Berck, Le Touquet, Montreuil, Fruges, St Pol, Etaples et Abbeville.
Le 14/05 on enregistre avec plaisir le retour de Dupuis prisonnier rapatrié.
Le 10 juin, le Sporting reçoit les » pro » de Lens forts de leurs cinq internationaux et de leurs nombreux sélectionnés nordistes et prend la leçon (12-0).
L’effectif s’enrichit des arrivés de PARMENTIER, LEDEBOER, FAUQUEMBERGUE (ex-Escarbotin), NICOLAS, DEHAX, DANNY, DUVAL et retour de CHARTRELLE Aubert.
Abonnements 45/46. Tribunes : 250 F, pelouse : 125 F
Les » bleu et rouge » débutent fort le championnat : victoires sur Gamaches (3-1), Le Tréport (6-2). On dit à l’époque que les joueurs tentent souvent leur chance au filet. En Coupe de France, élimination du Stade Amiénois le 07/10 (4-0). L’assemblée générale a lieu le 13/10 sous la présidence de M. DUMONT assisté
de MM. HURÉ, BELGŒUL et THUILLIER (qui est nommé directeur sportif).
Abbeville remporte de nets succès ; Stade Amiénois (4-2), L’Étoile (4-1), Royz (6-0) mais s’incline à Blangy, devant St Ouen et à Fressenneville ce qui lui donne une bonne 3º place à la fin de l’année.
1946
Abbeville perd encore au Tréport (1-2) puis dynamite Blangy (6-2), Feuquières (7-1), Stade Amiénois (6-0) et St Ouen (4-2), mais ne peut revenir sur les leaders et est condamné à une nouvelle saison au même niveau.
Les juniors sont à nouveau champions de Picardie et remportent également la Coupe de Picardie en battant Ham (3-1). Le S.C.A essaie un nouveau joueur : ADOLPHINI.
Le 11 août 1946 le club des supporters organise son bal sur le terrain de longue paume où l’on a mis un plancher pour la circonstance. La nombreuse assistance « guinchera » jusqu’à 5 h du matin.